Tout ça commence par une discrète découverte sur un réseau social. L'album peut s'écouter via un gros service de musique en ligne, je pose donc mon oreille dessus. Du jazz frais et bien fagoté, avec des influences multiples qui donnent une musique bien ancrée dans son époque. Et là, par un hasard de calendrier, on m'invite à aller voir ce même groupe au Mandala la semaine suivante. Pourquoi pas ?
Le Mandala, salle aussi intimiste que mythique de la scène musicale toulousaine. Il faut arriver tôt si on veut une place, c'est ce que nous faisons. Nous serons d'ailleurs bien contents d'avoir une bonne table pour profiter de l'intégralité du concert. Parce que quand Wen Quartet attaque, il devient vite très difficile de penser à autre chose et de détourner son regard de la scène.
Wen Quartet, c'est un saxophone soprano, une batterie, une contrebasse et un clavier. Selon mes informateurs, ces jeunes gens (je doute qu'un seul d'entre eux ait plus de 25 ans) sortent plus ou moins tous d'études de musicologie. Et j'avoue avoir éprouvé une certaine inquiétude en apprenant ça. Ça va être démonstratif, élitiste, sans âme, voilà les pensées qui m'ont traversé l'esprit. Heureusement, le quartet a rapidement dissipé mes doutes.
Au fond, Louis Navarro et sa contrebasse survolent tout, tour à tour complice des trois autres. Il sait tout tenir à bout de bras, que ce soit dans le rythme ou la mélodie... ou les deux en même temps. Usant parfois de l'archer, voire d'un peu de distorsion, il nous envoûte alors de nappes profondes. Ah, la noblesse de cet instrument, quand il est joué à la perfection...
Au Mandala, les batteurs ne peuvent pas se cacher. Ça tombe très bien pour Simon Portefaix, qui n'a rien à cacher et tout à montrer. Impressionnant de maîtrise, il est omniprésent. Il ne lève presque pas les bras et ne cesse pourtant de cogner dans tous les sens. Mieux que cogner, il caresse du maillet, il gratouille de l'olive, il chatouille du balais, toujours sur la brèche, variation sur variation, impeccable et imprévisible. Il a aussi tout un tas de percus improbables, qu'il aime placer sur ses cymbales ou sur ses fûts pour certains morceaux : cassolettes, plats en alu, grelots, bibelots, tout y passe du moment que ça fait un nouveau son. S'il y en a un qui fait le show, c'est lui.
Enfin, sur le devant, il y a Claire Gaudré et son saxo soprano. La clé de voûte du quartet. Moins démonstrative que ses collègues mais tout aussi douée, elle est la gardienne du thème, le fil conducteur de la mélodie, elle donne de l'air, elle rappelle ses brebis égarées dans les contre-rythmes et les saturations. Et comme c'est une fille, immanquablement, la touche féminine fait son effet. C'est doux, tout en sensibilité, presque timide, l'équilibre apporté saute aux oreilles.
Voilà comment, fermement accroché à la colonne vertébrale d'une batterie extraterrestre, Wen Quartet construit une ambiance et un son qui lui sont propres. Jazz, nu-jazz, groove, expérimental, électro, rythmiques tordues et changeantes, l'univers sonore est riche d'influences et d'idées formidables. Les morceaux montent, et montent, gagnent en intensité, puis on repart sur la belle mélodie du sax... Et on recommence, pour notre plus grand plaisir auditif. Il y a des regards entre tous les membres, pour partir au bon moment, pour être sûr de bien placer le break... et des regards qui se sourient. Des regards de musiciens qui se connaissent bien, qui aiment jouer ensemble et qui vous le montrent.
Nous avons passé un moment fabuleux à écouter les trois sets (rien que ça !) que la formation toulousaine (voir la deuxième vidéo pour ceux qui connaissent un peu la ville...) nous a interprétés ce soir-là. Merci à Wen Quartet, puisse leur futur être pavé de beaux morceaux et de concerts mémorables !
franchement bien, ça donne envie de les voir. j'ai plus qu'à surveiller leur prochain live sur toulouse.
RépondreSupprimerHé, qui sait, ce sera peut-être l'occasion de se croiser en vrai. :)
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