mercredi 29 août 2012

four tet - pink


tout d'abord, il faut rendre un petit hommage au chirurgien de l'électronique qu'est four tet et un grand merci pour tout ce qu'il fait. déjà pour sa discographie, car à part everything ecstatic de 2005, le reste est du grand art. je suis tombé sous le charme avec pause et rounds de 2001 et 2003, pour ensuite ne jurer que par ce frêle anglais aux grandes poches sous les yeux. car oui je l'ai vu cet été en espagne (au bilbao bbk) et j'ai eu l'impression qu'il avait fait le trajet en voiture depuis chez lui et d'une traite (il devait être à la bourre).

n'empêche qu'il assure derrière, je sais ce qu'il prend mais il ne cligne jamais des yeux, sûrement pour ne pas manquer un enchaînement, car il s'affaire le bonhomme derrière sa table de mixage et son pc. toujours métronomique (ça se dit? ouiiii), en une heure de concert il n'a marquer qu'une seule pause, le reste n'était qu’enchaînements, répétitions, boucles et autres migrations de sons.
les "titres" passent et on ne remarque rien, c'est tout juste incroyable, il est doué le bougre. un live génial en somme sinon qu'à 22h son set est un peu mal placé.

mais aujourd'hui on est là pour son sixième album nommé pink. les titres pour la plus part sont connus depuis plus ou moins longtemps, car par exemple pinnacles#8, jupiters#3 ou lion#2 sont en écoutes sur soundcloud, sans oublier que j'ai déjà parlé ici même de locked#1 et pyramid#6.
alors oui il est vrai que c'est un peu étrange de sortir un album avec des titres déjà mis en ligne depuis 1 an pour le plus ancien (pinnacles#8), et au final si on connaît la moitié de l'album, on se demande quelle cohésion peut bien avoir cet album.

et bien justement c'est là qu'on voit tout le génie de l'artiste, car tout fonctionne très bien. les titres ne s'enchaînent pas, mais on retrouve des similitudes assez lointaines notamment entre le premier locked#1 et le dernier pinnacles#8.

mais surtout il y a de quoi nourrir vous oreilles gourmande. du dubstep avec lion#2, ça part gentiment, et puis au fil des minutes, les sons s'ajoutent pour former un titre assez introspectif des plus entêtant. on navigue avec légèreté sur des nappes de toutes sortes, un savant mélange encore une fois et un four tet au sommet de sa forme. après un début d'album calme la suite devient plus énervée et on commence à bouger avec oscoras#4 et 128 harps#5 des titres plus house.
pour enfin terminer le tout avec des titres (peace for earth#7 et pinnacles#8) de 8 à 11 minutes qui fleurent bon l'ambiant. une fois de plus les titres sont voluptueux, ils paraissent répétitifs au début, mais la mue opère et ils s'envolent pour ne plus redescendre, nous avec.

voilà avec pink, four tet continue son petit chemin et sort une fois un album avec lequel il va falloir compter. dessous pinnacles#8, j'y ai tellement fait référence que je vous la met en partage.


dimanche 26 août 2012

yeasayer - fragrant world


tout doit venir d'une soirée trop arrosée, chris keating (chanteur), ira wolf tuton (bassiste) et anand wilder (guitare) ont fait le pari fou de pondre un album rock hippie psyché expérimental et de la vendre à la terre entière.
bien mal leur en a pris, all your cymbals sortait en 2007 et a fait grand bruit dans le milieu bien pensant de la musique à défaut de submerger les charts internationaux.


surprise, mais ils ont du se dire que même si la performance était de choix, le contrat n'était pas rempli et ont choisi de faire un deuxième pari qui irait plus loin dans le bon/mauvais goût. c'est chose faite en 2010 avec odd blood et ses vieux relents de disco que tout être normal aurait honni il y a encore 10 ans.

forcement, en 2000 on sortait, il faut dire, de 10 ans de dance de daube, laquelle avait pour seul mot d'ordre, faire danser le plus de gens bourrés.
et une cette fois le pari s’avère gagnant, incroyable, extraordinaire, le psyché hippie "et compagnie" peut passer de la pop rock psyché à de la dance à la limite du raisonnable et en faire ressortir une mouture hype des plus inspirée.

du coup, car faudrait pas les prendre pour des cons, yeasayer revient aujourd'hui avec un album, fragrant world, toujours psyché, électronique un peu, minimaliste beaucoup.
les titres paraissent avoir été délestés de quelques pistes lors de l'enregistrement. on a souvent l'impression qu'il manque quelque chose et parfois plus, comme sur devil & the deed#5 ou la mélodie a tout simplement été supprimée.
il ne reste plus que les bruits, les bleeps, les boings et les tuts.

je pense qu'ils ont fait le choix de faire un album psychédélique expérimental, et il vous faudra à tous environ 58 écoutes afin de comprendre ce qu'ils ont voulu faire, si cela est possible.
car si fragrant world dépeint un hypothétique futur monde, il ne va pas falloir qu'un moustique pète de travers, sans quoi la prophétie ne se vérifiera jamais.

c'est bien simple ils se sont ramassé un 5,4 sur pitchfork (les bien pensants du début qui ont du se dire que pour rester le maître du bon goût musical il fallait tout le monde à revers et démonter yeasayer.
5,4 c'est rude quand même, ils ont filé 6,4 au dernier garbage que j'ai survolé et pfffff c'était pas loin du néant cet album, alors que yeasayer se bonifie au fil des écoutes.

et oui comme je vous le disais plus il vous faudra apprivoiser cet "encore" extraterrestre, mais au final il est bien cet album, légèrement bizarre, grandement déluré, mais bon au moins on a jamais écouté un truc pareil n'en déplaise aux détracteurs.

le premier titre met l'auditoire dans de bonne condition avec fingers never bleed#1 et apparaît comme une liaison avec son grand frère odd blood. c'est en suite que tout se complique, voire légèrement au milieu du titre quand on fait face à l'électronique minimale mêlée à des vieux sons lancinants dont on se demande déjà d'où ils peuvent bien sortir.
mais bon c'est les yeasayer, fallait bien qu'ils commencent fort pour en mettre plein la gueule à leur. foutaise car au final c'est le titre le plus abordable.



avec longevity#2 commence le travail de formatage de vos préférences pour faire place à un recalibrage de vos goûts musicaux. vous verrez vous vous sentirez mieux après cette mise à jour, sinon quoi, pour ne pas chambouler vos références, on va devoir demander à iggy pop et madonna de ne pas vieillir? oh pardon on vient de prévenir qu'ils ont déjà commencé et qu'il aurait en vrai plus de 120 ans à eux deux.
ça fait froid dans le dos.

avec blue paper#3, si vous êtes encore là c'est que vous acceptez la mise à jour, vous allez donc bientôt vous régaler. à ce stade là vous n'entendez que la voix androgyne de chris keating et les synthé qui posent leur mélodie tranquillement avant qu'une guitare trafiquée et un ordinateur ne viennent tout bousculer, on change de rythmique et on a droit à un final des plus mystique.

la suite (henrietta#4 et devil and the deed#5) est du même acabit, une musique simplifiée au minimum mais qui donne un maximum d'effets, c'est plutôt bien foutu, car au final ça reste dur à faire, même si c'est d'autant plus difficile à écouter.
en passant devil and the deed#5 est mon titre préféré, les percussions sont saccadées, toute la chanson avance d'ailleurs par a-coups, de plus hormis le refrain, il n'y a pas vraiment d'instrument sur ce titre, juste des effets de violons sur une base de synthé et de percussions.



voilà pour le début, je vous laisse découvrir l'autre moitié qui réserve  vous vous en doutez d'autres surprises avec notamment le titre folk hero shctick#10 que je trouve personnellement excellent, encore du grand yeasayer.

vendredi 17 août 2012

the soft hills - the bird is coming down to earth

the bird is coming down to earth, troisième album du groupe de seattle the soft hills sorti au printemps dernier est une vraie plaie pour moi, j'ai tout simplement bloqué dessus et cela a provoqué un bouchon dans mes prévisions d'écoutes (du coup je ne peux pas vous parler du dernier sigur rós, du dernier grasscut, citizens! ou encore the tallest man on earth).
vous ajoutez à cela un léger accident et des problèmes pour écrire, et vous comprendrez pourquoi j'ai empaillé depuis plus d'un mois (quoi ça c'est pas vu, merci).

bref revenons à the soft hills et sa pop psychée éclatante qui se promène non loin de groupes tel que grizzly bear, fleet foxes, sigur rós et j'en passe.

la rythmique est douce et apaisée, les paroles sont souvent assez noires, ce qui contraste avec certaines mélodies totalement enjouées à l'instar de phoenix#1. la mélodie, elle, se drape de beaucoup d'effets, on entend pas mal de réverb, de saturations, de sons vintages à l'instar d'un vieil harmonica sur chosen one#7, de rifts de guitares noisies et de nappes d'électronique légères, tout ça pour enrichir une base folk qui n'en demandait pas tant.
les titres sont fournis et ont tous un univers propre et pas forcement très gai pour la plus part. en tout cas la groupe semble avoir atteint la plénitude et nous offre des balades folk toutes en retenues qui plongent son auditoire dans une semi torpeur ; mais qu'est ce qu'on y est bien.

le groupe ne surjoue jamais, les titres sont les plus simples possibles, ce qui ne signifie pas qu'ils le sont. toutefois the bird is coming down to earth n'est pas si difficile d'écoute, même s'il faut quand même se pencher dessus pour l’apprécier à sa juste valeur.
ensuite vous vous laisserez porter par ses orchestrations, la justesse de la voix de brittan drake, ses effets tous plus farfelus les uns que les autres.

je ne dirai pas que tous les titres sont sublimes, mais si l'album est dans l'ensemble un très bon album, il a aussi sa part de pépite et pas moins de la moitié des titres sont de grandes réussites. pour un deuxième album, c'est grand.
sans les citer toutes, prenons phoenix#1 sa pop légère guillerette (ça saute aux yeux après avoir écouter l'album dans sa totalité), ou tidal waves#5 et son rock noisies à la limite de la saturation, c'est incisif et à fleur de peau, c'est beau.



dans un autre registre, car l'album est assez changeant malgré sa ligne directrice bien définie, on retrouve purple moon#7, une balade hypnotique à la tension très basse avec ses accords lents.



38 minutes et 38 minutes de bonheur, on en ressort avec un sourire béat (attention de ne pas baver), prêt à se joindre au groupe pour faire les chœurs.
the bird is coming down to earth est un album qui s'écoute lors de ses petites promenades en forêt et avec un peu d'imagination dans le métro.

mardi 14 août 2012

damon albarn - Dr dee


vous vous ennuyez cet été? vous avez envie de nouveauté et bien ne perdez pas de temps et enfermez vous pour écouter le dernier album de damon albarn, Dr dee.
une nouvelle fois damon s'essaie à l'opéra pop, bien que cette fois il soit plus baroque que pop. et avec son ami jamie hewlett et l'écrivain alan moore (qui se sont quant à eux retiré assez tôt du projet) il s'est donc intéressé à john dee, un mathématicien, physicien, alchimiste, astrologue, penseur à ses heures perdues et conseillé de la reine Élisabeth I (fin XVI ième siècle).



c'est ce fameux Dr dee qui a posé, comme tout le monde ne le sait pas, les premières pierres du premier empire britannique (1583 - 1783, merci wikipédia).
damon albarn s'est documenté pendant plus d'un an sur ce fameux Dr dee, qui en résumé est un savant qui a essayé de distinguer la science de la magie et de la divination. il en résulte 18 titres d'écoute assez difficile.

l'album commence par un titre qui plante le décors, un village de campagne et son église, des gazouillis et une orgue baroque au ton inquiétant. la voix de damon sur le titre suivant apple carts#2 vient apaiser l'ambiance et semble débuter cet album sur un ton léger.

au fil de cet opéra on est confronté à différents instruments tous plus désuets les uns que les autres mais toujours utilisés de façon à pouvoir se dissocier de l'histoire et ancrer la narration dans le présent. c'est plus facile de s'y retrouver dans les titres pop et assez actuels, mais avec pas mal de recul et d'écoutes, je trouve le tout assez rond, bien écrit.
c'est tout simplement une histoire qui nous ait racontée, et quand c'est damon qui narre, généralement c'est bien fait (il faut quand même dire que je suis un grand fan de monkey, son premier opéra pop).

alors à partir de là tout se complique, mais il est vrai que pour aimer ce style, il faut à l'origine aimer la musique classique (ou tout du moins la supporter à forte dose) et les chants lyriques car à part quelques titres pop la majorité de l'album se contracte autour d'un opéra.
l'album, même si juste le nom de damon apparaît sur la pochette, est une vraie collaboration, on retrouve dans le désordre une batterie (jouée par tony allen, the good the bad & the queen) et une guitare pour les passages contemporains, ainsi que la famille des violons, des orgues, des mandolines, des instruments si vieux qu'on les a oubliés et enfin sept interprètes (dont damon) pour les différents personnages, le tout accompagnés par le bbc philarmonic ; du gros du lourd du qui maîtrise.

au bout du compte, c'est un album a essayer, que vous pouvez écouter ci-dessous.