samedi 23 février 2013

foxygen - we are the 21st century ambassadors of peace & magic

on ne va pas dire que les deux californiens sont restés bloqués dans les années 70’s mais à écouter leur musique et la vitesse à laquelle ils ont ingurgités toutes ces vieilles références, on peut se demander si ils ne roulent pas en delorean. Neuf titres et neuf ambiances changeantes, on y entends du dylan, beaucoup de stones, un peu de beatles (in the darkness#4) le tout à la sauce psychédélique, à croire qu’on est dans la factory de warhol (no destruction#2).

La structure même des titres est créative, elle n’est pas linéaire comme on en a l’habitude, et il arrive également qu’un titre ne s’attarde pas sur un rift, un refrain, une mélodie bien rodée, non les foxygen savent se mettre en “danger”. car même si les références en jettent plein la gueule ce n’est pas pour autant qu’il en sort forcement quelque chose de bon . et dieu (non pas trent, il a assez de boulot en ce moment avec le lancement de sa plate-forme de streaming nommée daisy, le nouvel album de how to destroy angels et une phrase mystérieuse qui pourrait en émoustiller plus d’un à savoir : “Nine Inch Nails are definitely back in action and working on new material”) donc dieu sait que ce we are the 21st century ambassadors of peace & magic est bon.

l’album est le gros coup de coeur de ce début d’année, il fleure la bonne humeur et la simplicité, s’assombrit parfois, part visiter la lointaine frontière de l’élitisme (bowling trophies#5) et revient bien vite à ce qu’il sait faire.... à savoir de la pop enjouée, un peu trop parfois et il m’arrive de vouloir zapper certains passages un peu trop mielleux. mais ce serait une grossière erreur car c’est sans compter sur leur formidable facilité à virer de bord sans avertir personne. et les changements de cap fond tout le sel de cet album qui va de surprise en surprise.

je ne sais pas quel titre vous présenter en particuliers, j’adore le début et la fin de l’album. mais s’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait we are the 21st century ambassadors of peace & magic#8 éponyme de l’album. avec son rock psyché sur le fil qui change d'ambiance plusieurs fois sans que l’on en soit perdu pour autant. une vraie pépite qu’il faut écouter.



dans un registre plus actuel, jonathan rado et sam france nous livrent aussi un très bon titre pop shuggie#6, single de l’album qui alterne entre passages psychédélique et hippie.

mardi 12 février 2013

elbow - dead in the boot

dead in the boot n’est pas un album a proprement parler, mais plutôt un recueil de face b allant du premier album (asleep in the back en 2001) au dernier en date (build a rocket boys! en 2011).
on revisite dans un ordre pas très chronologique les différentes tendances du groupe que démontre par la même qu’ils ne se sont jamais perdu, ni trop aventuré très loin aussi.

Les titres des premières heures sonnants folk et blues quand les derniers un peu plus expérimentaux sont plus tournés vers l’instrumentation et le chant. Il aurait d’ailleurs été dommage qu’ils n’aillent pas dans ce sens quand on connaît les limites extraordinaires de la voix de guy garvey. vous n’avez qu’à voir les sessions live pour vous en persuader. Cet homme a une voix de velours d’une intensité incroyable.

voici le titre whisper grass#1 et  un passage du magnifique love blown down#6 que je vous conseille chaudement d'écouter.





voilà un album qu’il est intéressant d’écouter afin de patienter en attendant leur prochain opus qui devrait sortir courant d’année et qui devrait se nommer lippy kids.

samedi 2 février 2013

Wen Quartet @ Le Mandala, Toulouse, 26/01/2013


Tout ça commence par une discrète découverte sur un réseau social. L'album peut s'écouter via un gros service de musique en ligne, je pose donc mon oreille dessus. Du jazz frais et bien fagoté, avec des influences multiples qui donnent une musique bien ancrée dans son époque. Et là, par un hasard de calendrier, on m'invite à aller voir ce même groupe au Mandala la semaine suivante. Pourquoi pas ?

Le Mandala, salle aussi intimiste que mythique de la scène musicale toulousaine. Il faut arriver tôt si on veut une place, c'est ce que nous faisons. Nous serons d'ailleurs bien contents d'avoir une bonne table pour profiter de l'intégralité du concert. Parce que quand Wen Quartet attaque, il devient vite très difficile de penser à autre chose et de détourner son regard de la scène.

Wen Quartet, c'est un saxophone soprano, une batterie, une contrebasse et un clavier. Selon mes informateurs, ces jeunes gens (je doute qu'un seul d'entre eux ait plus de 25 ans) sortent plus ou moins tous d'études de musicologie. Et j'avoue avoir éprouvé une certaine inquiétude en apprenant ça. Ça va être démonstratif, élitiste, sans âme, voilà les pensées qui m'ont traversé l'esprit. Heureusement, le quartet a rapidement dissipé mes doutes.


Commençons par le clavier. Quand il n'est pas sur le piano droit du Mandala, envoyant ses accords mortellement jazzy à 200 à l'heure, Xavier Gainche se tourne vers son clavier Nord et aime à triturer les boutons. Dans sa discothèque, on imagine, entre autres, beaucoup d'albums d'électro. Ça fait du larsen, ça crée des nappes, ça joue des sons très brut d'électro par-dessus, voire de la guitare disto, des gimmicks courts et entêtants, puis ça re-tourne des boutons... peut-être parfois un peu trop à mon goût, trop près du décrochage du noyau jazz du morceau... mais il prend son pied, Xavier, affichant un sourire béat de satisfaction musicale, cherchant ses camarades du regard.

Au fond, Louis Navarro et sa contrebasse survolent tout, tour à tour complice des trois autres. Il sait tout tenir à bout de bras, que ce soit dans le rythme ou la mélodie... ou les deux en même temps. Usant parfois de l'archer, voire d'un peu de distorsion, il nous envoûte alors de nappes profondes. Ah, la noblesse de cet instrument, quand il est joué à la perfection...

Au Mandala, les batteurs ne peuvent pas se cacher. Ça tombe très bien pour Simon Portefaix, qui n'a rien à cacher et tout à montrer. Impressionnant de maîtrise, il est omniprésent. Il ne lève presque pas les bras et ne cesse pourtant de cogner dans tous les sens. Mieux que cogner, il caresse du maillet, il gratouille de l'olive, il chatouille du balais, toujours sur la brèche, variation sur variation, impeccable et imprévisible. Il a aussi tout un tas de percus improbables, qu'il aime placer sur ses cymbales ou sur ses fûts pour certains morceaux : cassolettes, plats en alu, grelots, bibelots, tout y passe du moment que ça fait un nouveau son. S'il y en a un qui fait le show, c'est lui.

Enfin, sur le devant, il y a Claire Gaudré et son saxo soprano. La clé de voûte du quartet. Moins démonstrative que ses collègues mais tout aussi douée, elle est la gardienne du thème, le fil conducteur de la mélodie, elle donne de l'air, elle rappelle ses brebis égarées dans les contre-rythmes et les saturations. Et comme c'est une fille, immanquablement, la touche féminine fait son effet. C'est doux, tout en sensibilité, presque timide, l'équilibre apporté saute aux oreilles.



Voilà comment, fermement accroché à la colonne vertébrale d'une batterie extraterrestre, Wen Quartet construit une ambiance et un son qui lui sont propres. Jazz, nu-jazz, groove, expérimental, électro, rythmiques tordues et changeantes, l'univers sonore est riche d'influences et d'idées formidables. Les morceaux montent, et montent, gagnent en intensité, puis on repart sur la belle mélodie du sax... Et on recommence, pour notre plus grand plaisir auditif. Il y a des regards entre tous les membres, pour partir au bon moment, pour être sûr de bien placer le break... et des regards qui se sourient. Des regards de musiciens qui se connaissent bien, qui aiment jouer ensemble et qui vous le montrent.

Nous avons passé un moment fabuleux à écouter les trois sets (rien que ça !) que la formation toulousaine (voir la deuxième vidéo pour ceux qui connaissent un peu la ville...) nous a interprétés ce soir-là. Merci à Wen Quartet, puisse leur futur être pavé de beaux morceaux et de concerts mémorables !