mardi 15 juin 2010

Talk Talk - Spirit of Eden


Ouais alors je sais, chroniquer un disque de Talk Talk alors que je me la joue underground tout le temps c'est prendre des risques inconsidérés. Mais justement, je compte bien retourner la situation à mon avantage.

Talk Talk pour nous c'est surtout des tubes radio qu'on nous a passés en boucle pendant 20 ans : Such a shame (1983) ou It's my Life (1984), et qui servaient à à emballer de la working girl avec une choucroute sur la tête. Such a shame ? mais siiii, la pub pour la Pigeot 205 ! Allez je n'y résiste pas :



Ah ouais quand même. Mais pourquoi on en parle me direz-vous. Bin il se trouve que Talk Talk est un bel exemple de groupe broyé par la célébrité et sa maison de disques. Lassés par les disques pop et les synthétiseurs, Mark Hollis, Paul Webb et leur troupe prennent un virage qui ne sera pas du goût d'EMI, surtout en 1988 lorsque Spirit of Eden est sur le pont d'atterrir dans les bacs. L'album est composé de 6 titres entre 5:24 et 8 minutes, autant dire que le format radio n'est pas respecté. L'album est à dominante post rock, très lent, issu de sessions d'impro mixées et à des années lumières de l'image qu'ils s'étaient construite jusqu'ici.



On reconnait la voix de Mark Hollis, on aime ou on aime pas, j'avoue qu'il m'a fallu un peu de temps pour me débarrasser de cet arrière gout de Such a Shame. Au moment de la sortie du disque, EMI essaie de faire de I Believe In You un single comme à la bonne époque. Le titre est charcuté et remonté contre l'avis du groupe, on tourne un clip, et l'album fait un bide commercial retentissant. Normal, il est très bon, le Talk Talk de Spirit of Eden n'a plus rien à voir avec ce qu'ils étaient 5 ans auparavant. Suite à ça, pas de tournée, période difficile et relations tendues avec la maison de disques qui finit par sortir deux compilations, dont une de remixes dance qui fera vomir le groupe, puisque produit sans leur accord. Procès avec EMI, split du groupe, la totale. On retrouvera toutefois le bassiste Paul Webb (sous le nom de Rustin Man) aux côtés de Beth Gibbons (Portishead) sur l'album Out of Season, et le chanteur Mark Hollis dans le collectif UNKLE sur Psyence Fiction.

Alors ce disque n'est peut-être pas le meilleur du genre, mais on peut tout de même saluer la volonté du groupe de s'accomplir en tant qu'artistes quitte à remettre en jeu sa base de fans (donc son gagne pain). On peut aussi saluer la fantastique ambiance de Spirit of Eden, un disque qui sonne étonnamment d'actualité.

4 commentaires:

  1. mince..... tu as reperdu tes médicaments, it'a shame...

    RépondreSupprimer
  2. mouhouhahah. Ecoute le disque quand même, on sait jamais tu pourrais changer d'avis ;-) C'est sûr qu'à priori, un groupe pop 80's ça fait pas rêver...

    RépondreSupprimer
  3. LE Côté nougatineux des disques de Talk Talk reconnus par le grand public était assez difficile à supporter. Mais les compositions étaient d'une immense force! J'en veux pour preuve la récente "cover" de "Life's what you make it" (album The Colour of Spring) par Rowland S. Howard (ex Birtday party décédé en décembre : http://mmarsup.blogspot.com/2010/06/rowland-s-howard-pop-crimes-8710.html
    Avec l'interprétation vicieuse et maladive, on dirait que le morceau attendait depuis des années d'être interprété ainsi! Quelle composition!!!!
    D'accord avec toi, quel dommage qu'on ait étouffé ce groupe dans le sirop et qu'on ait occulté le meilleur de son travail...

    RépondreSupprimer
  4. T'as raison, c'est nougatineux à donf ;-)
    Merci pour la découverte de S.Howard, je connaissais pas.

    RépondreSupprimer