Bonjour à tous,
Je me propose d’écrire une chronique de sociologie sur la musique et ses thèmes environnants, un peu comme ces chroniques « L’avis du psy » dans des magasines pour adolescents comme « jeunes et jolies ». Je vous promets de faire mieux que ces sociologues à qui on demande d’émettre un avis dans les émissions de Jean Luc Delarue !!
L’avis du sociologue (#1)
BECKER, Outsiders, Étude de la sociologie de la déviance, Métaillé, Paris,1985
Howard Becker est un sociologue américain et musicien de jazz. Son ouvrage est représentatif d’un courant les plus importants de la sociologie américaine connu sous le nom « d’école de Chicago ». Il s’est inséré et a vécut avec un groupe de jazz entre 1948 et 1949 afin d’observer leurs comportements face à la société.
Une culture de groupe
Tout d’abord les musiciens de jazz interrogés lors de cette enquête aux Etats Unis se considèrent comme un groupe à part et possèdent alors une culture de groupe. Une première question peut se poser : est ce la même chose pour tous les musiciens ou cela est typique aux musiciens de jazz? Mais il est préférable de définir ce qu’est un groupe et comment se créer cette culture de groupe avant d’aborder d’autres théories.
Un groupe peut se définir comme une réunion de plusieurs figures formant un ensemble. Ainsi notre société est formée de plusieurs groupes qui entrent en interaction les uns avec les autres. Alors comment se crée cette culture de groupe ? Une des théories avance l’idée qu’il y a culture lorsqu’un groupe de personnes se trouve confrontée à un même problème, et dans la mesure où les membres de ce groupe sont capables d’entrer en interaction et de communiquer entre eux.
Mais l’auteur développe l’idée que les groupes participant à des activités déviantes ont aussi cette culture de groupe puisque leur conception de ce qui est déviant et ce qui ne l’est pas n’est pas conforme à la société. Leur vision de leurs actes n’est pas partagées par les autres membres de la société. Donc la culture de groupe se développe, selon l’auteur, autour des problèmes partagés par les membres de ce même groupe.
H. Becker applique sa théorie aux musiciens de jazz.
Pour un des enquêtés, les musiciens ne sont pas comme les autres, ils parlent autrement, ils ne ressemblent à personne d’autres ce qui pourrait leur permettre d’agir comme ils le souhaitent en affirmant que le reste de la société ne peut pas comprendre leurs actes.
Musicien artistique /musicien commercial
Les musiciens de jazz sont définis par l’auteur de façon simple : des personnes qui jouent de la musique populaire pour gagner de l’argent. Ils exercent donc un métier de service et les caractéristiques de leur culture découlent des problèmes communs liés à ce métier.
Un des problèmes que rencontre un musicien au cours de sa carrière « découle de la nécessité de choisir entre une carrière à succès et les normes artistiques qui sont les siennes ». Donc selon l’auteur pour parvenir au succès il faut passer par ce qu’il appelle le « faire commercial » c'est-à-dire être en accord avec les goûts des non musiciens pour lesquels il travaille et renoncer aux normes de son groupe.
Au contraire s’il conserve ses propres normes artistiques il est condamné à l’échec dans la société.
Est-ce la même chose pour l’ensemble des musiciens ? Faut-il être en désaccord avec les normes de la société pour faire de l’artistique que l’on opposerait alors à une pratique commerciale? Les musiciens commerciaux rejettent-ils forcément leurs normes artistiques, se détachent ils de leurs propres normes artistiques lorsqu’ils s’accommodent des goûts des non musiciens?
Les musiciens et leur public
La partie précédente nous amène à penser les musiciens avec leur public. L’ensemble des musiciens (de jazz et commerciaux) sont dans un conflit permanent entre 1) ils veulent s’exprimer librement conformément aux convictions de leur groupe ; 2) admettent que les pressions extérieures peuvent les forcer à s’abstenir de satisfaire leur désir. Les musiciens de jazz mettent l’accent sur le premier facteur là où les musiciens commerciaux le mettent sur le deuxième. Cependant l’ensemble des musiciens ressentent la force de ces deux facteurs. La relation entre les musiciens et leur public serait conflictuelle par définition. Un musicien commercial aura la reconnaissance extérieure (revenus plus réguliers et plus élevé, reconnaissance du public et de la société) mais perdra la reconnaissance artistique accordé par ceux de son groupe. Au contraire un musicien de jazz (opposé au musicien commercial) gardera la reconnaissance de son groupe au risque de s’isoler face à la société et aux membres qui la composent.
Déviance, non déviance et comportement à risque
Les comportements déviants sembleraient faire partie intégrante de la vie de ces enquêtés. En effet selon une personne interrogée « les plus grands héros du monde de la musique sont les plus fortes personnalités » et il ajoute « plus un type se conduit de manière originale, meilleur il est, et plus les gens l’aiment »
Cette culture de groupe est donc présente chez tous ces musiciens interrogés, cela est –il commun à tous les musiciens ?
Selon Becker, les musiciens se considèrent comme des gens à part, doté d’un don particulier qui les rend différents des non musiciens que les enquêtés appellent les « caves ». Les caves n’ont pas les mêmes références que les musiciens ce qui peut créer des conflits et des jugements des musiciens envers leur public. Selon certains enquêtés le public ne comprend pas la complexité de leur métier. C’est une autre raison qui fait que les musiciens, ici de jazz, vivent en groupe et possèdent une culture à part.
Ce comportement déviant est à mettre en relation avec la culture de groupe évoqué précédemment.
Cet article laisse en suspend de nombreuses interrogations de façon à animer un débat autour des musicien commerciaux notamment et la considération du public par les groupes de musique.
Ah bin c'est drôle que ces questions se posent déjà il y a 60 ans ! Cela dit, c'est pas une raison pour nous traiter de caves ;-)
RépondreSupprimerTrès intéressant en tout cas. Tu vois Arnok, si t'avais fait des études au lieu d'apprendre des trucs électriques inutiles, tu pondrais des posts un peu plus... enfin un peu moins... enfin tu vois ce que je veux dire. Jvais pas me fâcher avec le patron non plus...
pour aller plus loin, est ce que le système ne tend pas à changer complètement avec l'arrivée d'internet.
RépondreSupprimeravant pour signer sur une major il fallait être 'bankable' (je mets un peu d'anglais, c'est plus la classe) et pour être rentable (je vous fait la traduction et évite la répétition, quel génie!) il fallait que le public s'y retrouve, et fatalement le génie novateur s'éteignait.
aujourd'hui les artistes font leurs titres de leur côté et balancent le tout sur le net, ensuite si le public réagit positivement, les majors entrent en scène.
alors c'est beau et ça promet l'égalité pour tous, mais voilà y a 'tous' et 'tous' il balance aussi grave, il submerge la toile, la noie, la tue, heureusement aux arnokuptibles tous les chroniqueurs ont leur diplôme de sauvetage en musique, merci bien...
ne manquez pas ce weekend la chronique d'ac/dc, un groupe un vrai.
p.s : il pourrait y avoir du turnover sous peu, je sens poindre une mutinerie.